Diagnostic des pratiques de pilotage de la qualité de l’éducation au Sénégal, Organisations des Nations Unies pour L’éducation, la Science et la Culture, UNESCO, Bureau pour l’Afrique, Agence Française de Développement, 2022

Auteurs : Unesco et AFD

Site de publication : UNESCO

Type de publication : Rapport

Date de publication : 2022

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L’importance d’analyser le pilotage de la qualité de l’éducation au Sénégal

Au Sénégal, comme dans beaucoup d’autres pays, améliorer la qualité de l’éducation est une préoccupation majeure au sein du système éducatif. Depuis plusieurs années, de nombreux efforts sont déployés pour que chaque enfant puisse acquérir une éducation de qualité. Cependant, force est de constater que les résultats sont en dessous des attentes.

Au regard des différentes réponses proposées pour améliorer la qualité de l’éducation, deux constats relatifs à la capacité du système éducatif sénégalais à tirer profit des éléments de contexte pour orienter l’action éducative méritent d’être pris en compte :

Une abondance d’informations issues de données et d’études sur l’éducation, mais dont on ne perçoit pas concrètement l’exploitation au profit de la qualité du système : au cours des dix dernières années, de nombreuses études et analyses ont été réalisées pour mieux appréhender la qualité de l’éducation au Sénégal.

Un questionnement sur la capacité du système à utiliser efficacement les outils et ressources qu’il développe : le système éducatif sénégalais dispose d’une grande capacité à développer des outils plus ou moins sophistiqués pour accompagner les agents de son système éducatif dans leurs tâches quotidiennes (annuaires statistiques, tableaux de bord, outils de l’encadrement pédagogique, etc.).

Un système qui sait fixer des objectifs clairs, mais qui peine à accompagner leur mise en œuvre et à apprendre du passé

Fonction no 1 : Définition d’objectifs et impulsion de l’action

Constat 1 : Le système éducatif sénégalais dispose d’une forte capacité de définition d’objectifs et de stratégies pour améliorer la qualité, tout en essayant d’inculquer cette capacité à tous les niveaux du système éducatif, de façon participative et inclusive.

Il est important de souligner que la planification et l’impulsion des stratégies pour la qualité de l’enseignement de base au Sénégal se caractérisent par une tentative de gouvernance plus inclusive mise en œuvre dans les deux dernières décennies. En effet, le système s’ouvre davantage à l’implication des multiples acteurs dans la gouvernance (syndicats, parents d’élèves, partenaires et collectivités territoriales) qui sont associés dans une certaine mesure à la définition d’objectifs pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement.

Constat 2 : L’impulsion des politiques pour l’amélioration de la qualité passe encore par des canaux de transmission fortement injonctifs.

Le diagnostic indique que pour opérationnaliser les objectifs stratégiques du ministère visant l’amélioration de la qualité, c’est-à-dire inciter des actions en chaîne à tous les niveaux, les autorités ministérielles procèdent le plus souvent à la convocation d’espaces de travail réunissant les acteurs de tous les niveaux pour présenter les objectifs et les mesures à prendre pour appliquer la politique sectorielle sur l’année ou le trimestre en cours.

Constat n°3 : Un effort notable du ministère pour adapter la planification sectorielle aux contextes diversifiés.

On observe cependant qu’il existe une tendance plus générale, que ce soit dans les documents stratégiques (par exemple, le PAQUET) ou opérationnelles (par exemple, les contrats de performance) à uniformiser les objectifs et les valeurs cibles des politiques éducatives sans tenir compte des spécificités des différentes zones du territoire.

La faible adéquation de la planification des politiques aux contextes de terrain peut notamment s’expliquer par une insuffisante capitalisation des données des évaluations et des tests qui constituent pourtant au Sénégal une masse d’informations très volumineuse.

Fonction no 2 : Négociation de l’action et allocation de moyens pour l’action

Constat 1 : Le système éducatif dispose de leviers efficaces pour inciter les acteurs à l’action, notamment à travers une micro-planification d’objectifs et une profusion d’espaces de coordination de la politique sectorielle.

Constat 2 : Les autorités parviennent difficilement à mobiliser de façon coordonnée les acteurs au niveau local pour la mise en œuvre des politiques et actions en éducation.

Malgré une forte capacité à impulser des objectifs et des actions pour améliorer la qualité, et l’existence de différents espaces censés coordonner ces actions à tous les niveaux, le diagnostic identifie des difficultés dans le pilotage des actions sur le terrain qui ont un effet significatif sur le manque d’appropriation, par les acteurs de terrain, des politiques et des réformes entreprises.

Fonction no 3 : Accompagnement et suivi de l’action

Constat 1 : Une administration de l’éducation de base fortement outillée pour le suivi des politiques d’amélioration de la qualité, mais dont les outils sont peu utilisés pour produire des connaissances susceptibles d’ajuster ou de réguler les actions et politiques en cours.

Constat 2 : Une faible capacité du dispositif d’accompagnement pédagogique à transformer les pratiques des acteurs du système, à renforcer les acquis des élèves, et à prendre en compte les besoins différenciés des écoles et des élèves en difficultés.

Les prochaines étapes du programme d’appui au pilotage de la qualité au Sénégal

Ce diagnostic ne débouche pas sur des recommandations, mais plutôt sur un ensemble de chantiers de travail sur lesquels il est nécessaire de se pencher pour mener des réflexions en vue d’améliorer le pilotage de la qualité de l’éducation au Sénégal.

Les prochaines étapes de la mise en œuvre du programme d’appui au pilotage de la qualité consisteront donc désormais à :

  • Identifier avec les acteurs du système éducatif des pistes d’actions associées à chaque chantier • Expérimenter ces pistes d’actions de façon restreinte et contrôlée sur une durée courte (six mois environ) ;
  • Tirer les leçons de l’expérience pour consolider les propositions et expliciter les conditions pour leur mise en œuvre et proposer le tout comme recommandation à intégrer au plan de travail du ministère.

 

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