Auteurs : Adama Faye, Adama Tounkara, Paul Ndiaga, Mor Ngom, Ibrahima Camara
Site de publication : FAO
Type de publication : Rapport
Date de publication : Septembre 2022
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Contexte
Le Sénégal comme la plupart des pays sahéliens fait face à de nombreux défis pour augmenter sa production agricole et assurer une sécurité alimentaire. Parmi ces défis figurent les effets de la variabilité et des changements climatiques mais aussi des facteurs non climatiques comme la démographie croissante, la dégradation et la baisse de la fertilité des sols.
Les impacts des changements climatiques sur l’agriculture pourraient être à l’origine d’une perte de référentiel technique traditionnel nécessitant des politiques d’adaptation et de planification solides. Cette nécessité d’adaptation est bien prise en compte dans les politiques nationales notamment le Plan Sénégal émergent (PSE), cadre de référence de la politique économique et sociale du Sénégal à l’horizon 2035.
Le Sénégal s’est lancé depuis 2015, à l’instar d’autres pays, dans l’élaboration de Plan national d’adaptation (PNA1), afin d’intégrer l’adaptation aux changements climatiques dans les processus de planification et de budgétisation des projets et programmes. L’approche utilisée pour le processus PNA consiste à faire une planification basée sur des évidences scientifiques.
En effet, l’évaluation de l’impact des changements climatiques et la planification de l’adaptation doivent tenir compte des conditions locales, des risques, des ressources naturelles disponibles et du contexte socio-économique pour déterminer la vulnérabilité actuelle. À ce titre, des études de vulnérabilité sont menées au niveau national pour déterminer les options d’adaptation à intégrer dans le PNA global à partir de la compilation des PNA sectoriels.
Situation de l’agriculture
Deux principales typologies des exploitations sont retrouvées dans la zone des Niayes : l’agriculture paysanne à base familiale qui combine diverses activités agricoles et non agricoles et l’agriculture d’entreprise à base de capitaux et de main-d’œuvre salariée. La zone des Niayes compte pour environ 60 pour cent de la production maraîchère nationale et 80 pour cent des exportations horticoles. Les cultures dominantes dans les Niayes sont le haricot vert, l’oignon, les choux, la tomate, l’aubergine, l’aubergine amère ou « jaxatu », le piment, le poivron.
Les impacts des changements climatiques sur l’agriculture pourraient être à l’origine d’une perte de référentiel technique traditionnel nécessitant des politiques d’adaptation et de planification solides. Cette nécessité d’adaptation est bien prise en compte dans les politiques nationales notamment le Plan Sénégal émergent (PSE), cadre de référence de la politique économique et sociale du Sénégal à l’horizon 2035
Cette zone agro écologique assure 30 pour cent de la production nationale de pommes de terre et d’oignons. Elle approvisionne quelques pays de la sous-région dont la Mauritanie, la Gambie et la Guinée-Bissau. Les femmes constituent le groupe marginalisé qui connait la plus forte croissance et qui investit actuellement dans tous les secteurs d’activités.
La surface annuelle couverte par les cultures maraîchères est estimée à plus de 10 000 ha, variable selon les zones de cultures, et pouvant atteindre deux cycles de production par an. Les grandes exploitations se trouvent principalement dans la région de Dakar (Communauté rurale de Sangalkam), la région de Thiès (à Mboro), et dans la région de Saint-Louis (Gandiolais, Dakar-Bango). Ces grandes exploitations sont particulièrement présentes au niveau de la grande Niaye de Pikine et dans les Niayes septentrionales (Lompoul, Potou et Gandiolais) et reposent essentiellement sur la disponibilité d’eau de la nappe phréatique et sur une forte utilisation d’engrais minéraux et organiques.
Évaluation des performances agronomiques des systèmes de production maraîchère
Pour évaluer les performances agronomiques de la tomate, de l’oignon et de la pomme de terre des expérimentations ont été menées dans les parcelles des producteurs(trices) de la zone des Niayes. Quatre zones d’études ont été choisies et dans chacune de ces zones des producteurs(trices) ont été sélectionné(e)s avec l’appui des organisations paysannes (OP) et des services techniques (Direction régionale du développement rural (DRDR), Service départemental du développement rural (SDDR), Agence nationale de conseil agricole rural (ANCAR), Eaux et forêts).
Dans la zone de Santhiou Ndong, trois producteurs(trices) par spéculation ont été choisis soit neuf parcelles. Sur l’axe Mboro-Diogo, six producteurs(trices) par spéculation ont été choisis soit 18 parcelles. Dans la zone de Lompoul, quatre producteurs(trices) par spéculation ont été choisis soit 12 parcelles et dans la zone de Potou, quatre producteurs(trices) par spéculation, soit 12 parcelles.
Au total, 51 parcelles ont été choisies soit 17 parcelles par spéculation et dans chaque parcelle six planches (trois pour le producteur et trois pour l’ISRA). En somme, 306 planches ont été suivies dont 153 pour les producteurs(trices) et 153 par l’ISRA. Une approche comparative a été utilisée pour évaluer les pratiques des producteurs(trices) et les mesures conventionnelles indiquées par la recherche scientifique avec une variation des doses de matière organique.
Vulnérabilité actuelle
La vulnérabilité est appréciée comme le rapport entre l’impact potentiel et la capacité d’adaptation, ainsi les zones exposées à un impact potentiellement élevé et ayant une faible capacité d’adaptation sont plus vulnérables. Lorsque les indices d’exposition et de sensibilité en indice d’impact sont agrégés, il en résulte que les communes situées dans le département de Kébémer et Tivaouane sont les plus potentiellement affectées par le changement climatique. L’agrégation des indicateurs composites des différentes composantes de la vulnérabilité révèle que le département de Tivaouane est le plus vulnérable à la variabilité climatique avec un Indice de vulnérabilité de 0,96.
Les communes situées dans le département de Kébémer et Louga seraient relativement moins exposées avec un IV respectivement de 0,81 et 0,92. Il est important de noter qu’en termes de vulnérabilité la différence entre départements est non significative et les notions de communes moins exposées et moins sensibles sont relatives car ces communes peuvent en réalité avoir un niveau d’exposition et de sensibilité élevé comparé à d’autres communes qui ne sont pas dans l’échantillon.
Les stratégies d’adaptation
L’irrigation localisée (goutte à goutte) est de plus en plus adoptée par les producteurs grâce aux échanges entre les ouvriers des entreprises exportatrices de légumes et les maraîchers de la même zone. La baisse importante du prix de la motopompe thermique importée d’Asie du Sud-Est, l’électrification rurale ont facilité l’équipement de certaines exploitations familiales.
Les maraîchers ont aussi, montré des capacités à adapter le « goutte à goutte » en bricolant des filtres et des systèmes capables d’injecter dans le réseau d’irrigation une solution d’engrais minéral (fertigation) sans faire recours au matériel importé relativement coûteux. Cette innovation a permis l’augmentation de la surface cultivée et irriguée par exploitation et par actif. L’usage d’intrants naturels (biopesticide, répulsif, fumure organique) a permis de répondre à un cahier des charges « agroécologie ».
La vulnérabilité est appréciée comme le rapport entre l’impact potentiel et la capacité d’adaptation, ainsi les zones exposées à un impact potentiellement élevé et ayant une faible capacité d’adaptation sont plus vulnérables. Lorsque les indices d’exposition et de sensibilité en indice d’impact sont agrégés, il en résulte que les communes situées dans le département de Kébémer et Tivaouane sont les plus potentiellement affectées par le changement climatique. L’agrégation des indicateurs composites des différentes composantes de la vulnérabilité révèle que le département de Tivaouane est le plus vulnérable à la variabilité climatique avec un Indice de vulnérabilité de 0,96
Par ailleurs, le Plan d’action national pour l’adaptation aux changements climatiques, promeut le renouvellement des anciens peuplements de filao pour la fixation des dunes sur l’axe Guédiawaye-Mboro afin de lutter contre l’érosion et la mise en place d’un plan de rétention des eaux pluviales dans les bas-fonds, les mares temporaires et autres zones d’accumulation des eaux pluviales. Dans la commune de Darou Khoudoss, les populations se sont regroupées en différentes organisations pour statuer et trouver un consensus sur la nécessité de fixer les dunes en mettant en œuvre l’aménagement, l’exploitation et le reboisement.
Les options d’adaptation prioritaires
L’agriculture est un secteur clés dans la zone du fait de la position géographique avec les conditions climatiques favorables. Ainsi, des options d’adaptation ont déjà été élaborées dans des documents récents comme la CDN et la CPDN.
Dans le cadre du projet SAGA, un atelier participatif organisé à Louga en septembre 2021 pour recueillir les propositions d’options d’adaptation auprès des acteurs clés de la région notamment tous les services techniques impliqués dans le secteur de l’agriculture. Ces options d’adaptation font référence à la vision construite par les acteurs(trices) qui souhaitent « À l’horizon 2050, la zone des Niayes (Thiès-Louga), porteuse d’un modèle d’agriculture résilient aux changements climatiques et de développement durable ».
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