Impôts et taxes au Sénégal : Entre déficit d’informations et faible légitimité, Afrobarometer, janvier 2022

Auteur : Mamadou Abdoulaye Diallo

Organisation affiliée : Afrobarometer

Type de publication : Enquête de sondage

Date de publication : 13 janvier 2022

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* Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

Résultats clés

  • Plus de trois quarts (77%) des adultes Sénégalais estiment qu’il est « difficile » ou « très difficile » de se renseigner sur les impôts et taxes qu’ils sont tenus de payer au gouvernement.
  • Encore plus (86%) affirment qu’il est difficile de se renseigner sur la manière dont le gouvernement utilise les recettes fiscales.
  • La majorité (56%) des citoyens sont d’avis que les autorités ont toujours le droit d’imposer des impôts et taxes aux citoyens. Cependant, la proportion de citoyens qui désapprouvent la légitimité de l’impôt a plus que doublé, passant de 15% en 2013 à 38% en 2021.
  • Près de la moitié (48%) des citoyens jugent que le montant d’impôts que les gens ordinaires sont tenus de payer est trop élevé. En revanche, la majorité (54%) pensent que les riches paient trop peu.
  • Huit répondants sur 10 (79%) pensent qu’il est équitable d’imposer aux riches un taux d’impôts plus élevé que celui des gens ordinaires de sorte à financer des programmes en faveur des pauvres.
  • Plus de six Sénégalais sur 10 (62%) affirment que les gens évitent « souvent » ou « toujours » de payer les impôts et taxes qu’ils doivent à l’Etat.
  • Quatre citoyens sur 10 environ estiment que la « plupart » ou « tous » les agents des impôts (38%) et les inspecteurs et contrôleurs dans les services de douanes, impôts et domaines, et trésor (43%) sont corrompus.
  • Moins de la moitié (46%) des Sénégalais font « partiellement » ou « beaucoup » confiance à l’administration fiscale.
  • Des majorités des Sénégalais accepteraient de payer davantage d’impôts afin de soutenir des programmes au profit des jeunes (58%), de recevoir de meilleurs services publics (51%) et de financer le développement du pays sur fonds propres au lieu des prêts extérieurs (79%).
  • Plus de six adultes sur 10 (63%) s’accordent sur le fait que les impôts collectés par l’Etat servent à améliorer le bien-être des citoyens.

S’informer sur les impôts

Plus de trois quarts (77%) des adultes Sénégalais, de par leur expérience, trouvent qu’il est « difficile » ou « très difficile » pour les citoyens de se renseigner sur les impôts et taxes qu’ils sont tenus de payer. Également, une plus grande majorité (86%) estiment qu’il est difficile voire très difficile de se renseigner sur la manière dont le gouvernement utilise les recettes fiscales.

Les citoyens sont interrogés sur leur perception de la corruption chez l’administration fiscale. Il ressort des résultats que quatre citoyens sur 10 environ estiment que la « plupart » ou « tous » les agents des impôts (38%) et les inspecteurs et contrôleurs dans les services de douanes, impôts et domaines, et trésor (43%) sont corrompus. De plus, plus de quatre personnes sur 10 pensent que « certains d’entre eux » sont corrompus. Seule 7% pensent qu’aucun des agents des services des impôts, de douanes et de trésor n’est corrompu

Concernant la difficulté à se renseigner sur les impôts à payer, on ne note pas de différence significative suivant le milieu de résidence, le sexe, le niveau d’éducation et l’âge. Toutefois, il existe une légère différence entre les plus nantis (70%) et les citoyens ayant vécu une plus forte pauvreté (79%-80%). De plus, suivant la zone géographique, c’est parmi les habitants de la zone Nord1 (85%) qu’on retrouve la plus grande proportion de personnes qui signalent cette difficulté.

Légitimité des impôts et taxes

Le droit du gouvernement d’imposer le paiement des impôts et taxes aux Sénégalais est approuvé par la majorité (56%) des citoyens. Cependant, l’approbation de la légitimité de l’impôt a chuté depuis les années 2013-2017, quand plus de trois quarts des Sénégalais trouvaient légitime de contraindre les gens à payer les impôts au gouvernement. Comparé a 2017, la proportion de citoyens qui désapprouvent la légitimité de l’impôt a plus que doublé, passant de 18% à 38%.

L’équité des impôts

Les Sénégalais notent un manque d’équité entre les riches et les gens ordinaires en ce qui concerne le paiement des impôts. Près de la moitié des citoyens (48%) jugent que le montant d’impôts que les gens ordinaires sont tenus de payer est « un peu » ou « beaucoup » trop élevé, alors que seulement 6% d’entre eux pensent la même chose s’agissant des riches. En revanche, la majorité des citoyens (54%) pensent que le montant que les riches sont tenus de payer est trop peu.

Corruption et confiance en l’administration fiscale

Les citoyens sont interrogés sur leur perception de la corruption chez l’administration fiscale. Il ressort des résultats que quatre citoyens sur 10 environ estiment que la « plupart » ou « tous » les agents des impôts (38%) et les inspecteurs et contrôleurs dans les services de douanes, impôts et domaines, et trésor (43%) sont corrompus. De plus, plus de quatre personnes sur 10 pensent que « certains d’entre eux » sont corrompus. Seule 7% pensent qu’aucun des agents des services des impôts, de douanes et de trésor n’est corrompu.

S’agissant de la confiance accordée à l’administration fiscale, moins de la moitié des Sénégalais (46%) font « partiellement » ou « beaucoup » confiance à cette institution. La même proportion (46%) de citoyens font juste « un peu » ou « pas du tout » confiance aux agents des impôts.

Augmentation des impôts

Malgré la faible confiance à l’administration fiscale, beaucoup de citoyens seraient prêts à payer plus d’impôts pour soutenir certains objectifs.

Près de six répondants sur 10 (58%) affirment être « quelque peu » ou « fortement » d’accord pour le fait d’augmenter les impôts afin de pouvoir soutenir des programmes au profit des jeunes, contre 35% qui s’opposent à une telle augmentation. Si une hausse des impôts se traduit par une augmentation des dépenses dans des programmes d’aide aux jeunes, les Sénégalais ont une préférence des investissements qui doivent être orientés vers la création d’emplois et la formation professionnelle.

Utilisation des impôts

Bien que la majorité des Sénégalais affirment qu’il est difficile de se renseigner sur l’utilisation des recettes fiscales, il n’en demeure pas moins que plus de six adultes sur 10 (63%) s’accordent sur le fait que les impôts collectés par l’Etat servent à améliorer le bien-être des citoyens.

Conclusion

Les résultats de l’enquête Afrobarometer révèlent un déficit d’informations sur les impôts à payer et l’utilisation des recettes fiscales par le gouvernement. De plus, on note une tendance baissière du soutien au droit du gouvernement d’imposer des impôts, une perception de corruption chez les agents des impôts et domaines, un manque de confiance vis-à-vis de la Direction Générale des Impôts et une perception de manque d’équité entre riches et citoyens ordinaires. Est-ce que ce sont là les raisons pour lesquelles, « souvent » ou

« toujours », les gens évitent de s’acquitter de leurs impôts ?

Malgré le déficit d’informations, la plupart des Sénégalais s’accordent sur le fait que les impôts collectés par l’Etat servent à améliorer le bien-être des citoyens. Mieux, ils sont favorables à une augmentation des impôts et taxes pour améliorer les services publics, soutenir des programmes d’aides aux jeunes et financer le développement du pays sur fonds propres.