Auteurs : Onibon Doubogan, Yvette Segnon, Alcade Obossou, Wourou, Zougmoré, Robert
Site de publication : CGIAR
Type de publication : Rapport
Date de publication : Décembre 2022
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Introduction
L’accentuation de la vulnérabilité des femmes et des autres groupes marginalisés aux effets du changement climatique, nécessite une meilleure sensibilité au genre des documents de politique nationale en la matière. Les femmes sont en effet moins susceptibles d’adopter des options d’adaptation aux changements climatiques en raison des contraintes liées à l’accès et au contrôle des ressources, notamment la terre, le bétail et l’utilisation d’intrants, les technologies de l’information, les technologies agricoles et les services financiers.
Une approche sexospécifique de l’agriculture intelligente face au climat est essentielle pour combler les écarts entre les sexes dans l’agriculture dans un contexte de changement climatique. Cette approche a pour avantage la prise en compte des besoins et priorités des hommes et des femmes dans la conception et l’application de cette nouvelle forme d’agriculture innovante.
Le programme « Accélérer l’impact de la recherche climatique du CGIAR en Afrique (AICCRA) », du fait des inégalités d’accès des femmes aux technologies sur le climat et la sécurité alimentaire, ainsi que de la faible représentativité de celles-ci dans la recherche agricole se propose de renforcer la capacité des partenaires et des parties prenantes ciblés à améliorer l’accès aux services d’information climatique et aux technologies validées d’agriculture intelligente face au climat en Afrique.
Le changement climatique et les effets associés ne sont pas répartis de manière égale dans le secteur agricole, car ceux qui ont le moins de capacité à faire face et à s’adapter sont souvent les plus vulnérables. Le changement climatique exacerbe ainsi les inégalités entre les sexes et accroît particulièrement la vulnérabilité des femmes et des filles, qui dépendent souvent de manière disproportionnée de moyens de subsistance à petite échelle basés sur les ressources naturelles, qui nécessitent des conditions climatiques favorables
Articulation entre le genre et le changement climatique
Le genre et le changement climatique sont intimement liés. Le changement climatique affecte différemment les régions, les générations, les groupes d’âge et les sexes. En particulier, le changement climatique affecte différemment les femmes et les hommes. Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables en raison des normes socioculturelles, des relations de pouvoir, de leur statut socio-économique inférieur dans la société et de l’inégalité d’accès aux ressources sociales, économiques et physiques.
Plus précisément, les différences dans l’accès à l’information, le contrôle des ressources, les charges de travail et la capacité d’innover pour répondre aux défis climatiques déterminent, par exemple, la capacité d’un individu, d’un ménage ou d’une communauté à s’adapter aux changements climatiques. En outre, les différences dans les rôles des femmes et des hommes se traduisent par des connaissances, des priorités et des préoccupations différentes au sujet du changement climatique. Par conséquent, la prise en compte des différences entre les sexes pour des mesures d’atténuation et d’adaptation inclusives et durables.
Genre et agriculture
Le changement climatique et les effets associés ne sont pas répartis de manière égale dans le secteur agricole, car ceux qui ont le moins de capacité à faire face et à s’adapter sont souvent les plus vulnérables. Le changement climatique exacerbe ainsi les inégalités entre les sexes et accroît particulièrement la vulnérabilité des femmes et des filles, qui dépendent souvent de manière disproportionnée de moyens de subsistance à petite échelle basés sur les ressources naturelles, qui nécessitent des conditions climatiques favorables.
Au Sénégal, les exploitations agricoles sont majoritairement dirigées par les hommes (83,6% contre seulement 16,4%). Les femmes, qui ne contrôlent que 6,4% des superficies cultivées contre 93,6% pour les hommes, exploitent en moyenne une superficie de 0,4 ha contre 1,3 ha chez les hommes.
A l’exception de la riziculture pluviale, exploitée dans les bas-fonds où les femmes, notamment des régions du Sud, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, possèdent 62,7% des parcelles, elles ne contrôlent, que de faibles superficies pour toutes les autres spéculations dont pour le niébé 27,8% des parcelles de niébé, 15,2% d’arachide, 7% de maïs et 3% de mil. Cette situation est encore compliquée par les taux de pauvreté plus élevés chez les femmes et les restrictions culturelles et comportementales, qui affectent la mobilité des femmes ainsi que les rôles et responsabilités qui leur sont socialement attribués.
Effets du changement climatique sur le genre en Afrique
En Afrique subsaharienne, les femmes et les filles, qui constituent l’un des segments les plus vulnérables de la société, sont les plus touchées par le changement climatique et ses effets, qui amplifient les inégalités entre les sexes et constituent une menace unique pour leurs moyens de subsistance, leur santé et leur sécurité. Les femmes et les filles de la région sont plus dépendantes des ressources naturelles, alors qu’elles y ont le moins accès.
En période de sécheresse et de précipitations irrégulières, les femmes, en tant que travailleuses agricoles et principales pourvoyeuses, travaillent plus dur pour assurer des revenus et des ressources à leur famille, et doivent faire face à la pénurie d’eau. Parallèlement, lorsque des catastrophes se produisent, les femmes ont moins de chances de survivre en raison des inégalités de genre qui existent depuis longtemps et qui créent des disparités en matière d’information, de mobilité, de prise de décision et d’accès aux ressources.
Facteurs socioculturels déterminants les rapports de genre face aux changements
L’organisation sociale patriarcale du Sénégal, combinée à la forte tendance musulmane de la population (environ 95 %), conduit souvent à ce que de nombreux hommes détiennent le pouvoir de décision et des positions d’autorité à différents niveaux de la société. Cependant, le pays fait des progrès généraux pour améliorer la participation des femmes dans le processus de prise de décision au cours des dernières années grâce à l’adoption de la loi sur la parité hommes-femmes.
Les normes sociales expliquent également les inégalités entre les sexes en termes d’accès et de contrôle par les femmes des ressources telles que la terre, l’eau, les produits de la forêt et de la pêche, etc. ce qui limite encore plus la capacité d’adaptation des femmes. Dans certaines régions du Sénégal, les agricultrices convoitent déjà les bas-fonds marécageux pour réduire leur dépendance au cycle des pluies désormais imprévisible, entrant parfois en conflit avec les hommes qui les contrôlent et les utilisent pour la production agricole.
Promotion des options d’adaptation transformatrices de genre en agriculture pour une agriculture intelligente face au climat
L’axe stratégique 2 du plan d’action s’articule autour de la promotion des options d’adaptation transformatrices de genre qui permettent non seulement de renforcer la capacité d’agir des hommes et des femmes, mais aussi de transformer les relations de pouvoirs existantes entre les hommes et les femmes, et de soutenir la transformation des normes sociales, des coutumes, valeurs et pratiques discriminatoires. Ainsi, l’adaptation transformatrice de genre permet de s’attaquer aux régimes de genre qui régissent l’accès, l’utilisation et le contrôle des ressources, y compris les régimes qui définissent la distribution, l’allocation des terres, la division du travail et le pouvoir de prendre des décisions stratégiques.
L’organisation sociale patriarcale du Sénégal, combinée à la forte tendance musulmane de la population (environ 95 %), conduit souvent à ce que de nombreux hommes détiennent le pouvoir de décision et des positions d’autorité à différents niveaux de la société. Cependant, le pays fait des progrès généraux pour améliorer la participation des femmes dans le processus de prise de décision au cours des dernières années grâce à l’adoption de la loi sur la parité hommes-femmes
Amélioration de l’accès et le contrôle des femmes sur les ressources et les opportunités pour une agriculture intelligente face au climat
Le domaine stratégique 3 se concentre sur l’amélioration de l’accès et du contrôle des femmes sur les ressources et les opportunités pour l’agriculture intelligente face au climat. L’accès inégal des femmes aux ressources productives est l’un des facteurs qui limitent l’adoption des technologies CSA par les femmes. Ainsi, les actions proposées sous cet axe, et qui s’appuient sur les méthodologies des ménages et en particulier sur les systèmes d’apprentissage par l’action de genre, contribueront à améliorer l’accès des femmes aux ressources tout en favorisant la prise de décision conjointe au sein du ménage entre les femmes et les hommes.
Stratégie de mobilisation du financement
Les efforts de plaidoyer visent à établir et favoriser un environnement propice à la bonne exécution des stratégies du plan notamment à travers la mobilisation de ressources financières durables et un soutien fort au plus haut niveau des instances étatiques.
La mobilisation des fonds se fera sur la base d’une programmation annuelle et des extraits sous forme de requêtes trimestrielles qui précisent les activités à mener et les besoins de financement correspondants. Les stratégies de mobilisation des ressources seront plus affinées au sein du comité élargi de pilotage du plan d’action.
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