Auteur : Ministère de la Santé et de l’Action Sociale
Site de publication : EFUA.ACAREF
Type de publication : Rapport
Date de publication : juillet 2023
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Le Sénégal s’est engagé, à l’instar des pays de la sous-région, à lutter efficacement contre ces maladies. Depuis 2007, trois plans stratégiques avaient été élaborés et mis en œuvre par le Sénégal afin de réduire le fardeau lié à ces MTN (maladies tropicales négligées). Cette volonté politique s’est traduite par l’inscription en priorité nationale de la lutte contre les MTN dans le Plan National de Développement Social et Sanitaire 2019-2028 avec la finalité d’avoir « Un Sénégal émergent exempt de maladies tropicales négligées pour un développement durable ».
Les objectifs visés à l’horizon 2025 du nouveau Plan Stratégique National de lutte contre les Maladies Tropicales Négligées 2022-2025 sont de réduire la charge de morbidité et de la mortalité à travers : le contrôle, l’élimination ou l’éradication conformément à la nouvelle feuille de route mondiale 2021-2030.
Les « Maladies Tropicales Négligées » (MTN) sont des maladies transmissibles très répandues dans les régions tropicales. Elles sont dites négligées du fait qu’elles n’avaient pas jusque-là été l’objet d’une grande attention de la part des décideurs, de la communauté internationale, de l’industrie pharmaceutique et même de la communauté des chercheurs.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elles sont à l’origine de 534.000 décès par an dans le monde, mais surtout de handicaps de longue durée, de difformités, de grossesses à complications, de retard de la croissance chez les enfants, de baisse du rendement scolaire chez les apprenants, et par conséquent d’une baisse de la productivité.
Les personnes les plus touchées par ces maladies sont les plus pauvres en milieu rural particulièrement dans les zones périurbaines ; ce sont des populations qui sont souvent faiblement éduquées avec des problèmes d’accès à l’eau potable, d’hygiène et d’assainissement. Les MTN favorisent et aggravent l’anémie et la malnutrition chez les personnes touchées déjà et qui sont dans un état nutritionnel précaire; de plus la malnutrition augmente la vulnérabilité à ces maladies.
Les objectifs visés à l’horizon 2025 du nouveau Plan Stratégique National de lutte contre les Maladies Tropicales Négligées 2022-2025 sont de réduire la charge de morbidité et de la mortalité à travers : le contrôle, l’élimination ou l’éradication conformément à la nouvelle feuille de route mondiale 2021-2030
La lutte contre les MTN est une initiative favorable aux personnes pauvres, dont les bénéfices vont bien au-delà de la santé : amélioration de l’état de santé général des populations, augmentation de la productivité des travailleurs, du rendement scolaire et accroissement des ressources nationales communes, contribuant ainsi à des progrès de l’éducation et à la croissance économique.
Des progrès importants ont été réalisés au Sénégal dans la lutte contre les MTN avec le soutien des partenaires.
Les objectifs visés à l’horizon 2025 du nouveau Plan Stratégique National de lutte contre les Maladies Tropicales Négligées 2022-2025 sont : le contrôle, l’élimination ou l’éradication conformément à la nouvelle feuille de route mondiale 2021-2030.
Analyse situationnelle des MTN
Au Sénégal, comme dans la plupart des pays en développement, les MTN, entre autres, constituent un énorme défi pour le système de santé. Elles ont fait l’objet de l’élaboration trois (03) plans stratégiques de lutte, de 2007 à 2011, de 2011 à 2015 et de 2016 à 2020. Compte tenu de la modestie des moyens financiers, l’essentiel des interventions prévues pour lutter contre les MTN au Sénégal, s’est limité à la chimiothérapie préventive.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elles sont à l’origine de 534.000 décès par an dans le monde, mais surtout de handicaps de longue durée, de difformités, de grossesses à complications, de retard de la croissance chez les enfants, de baisse du rendement scolaire chez les apprenants, et par conséquent d’une baisse de la productivité
Malgré les progrès réalisés dans le cadre de l’exécution de ces plans stratégiques de lutte contre les MTN, d’énormes défis restent encore à relever. La prise en charge de la morbidité, la prévention des invalidités dues à la filariose lymphatique et au trachome ainsi que la lutte antivectorielle et les interventions WASH constituent le parent pauvre de la stratégie de lutte contre ces maladies.
Depuis le début des années 2000, il y a un regain d’intérêt de la communauté internationale et la dynamique ne cesse de s’amplifier en faveur du contrôle, de l’élimination et de l’éradication des MTN.
Analyse du contexte national
Le Sénégal est situé en Afrique de l’Ouest. Dakar, la capitale, est une presqu’île située à l’extrême ouest. Le climat est soudano-sahélien avec alternance d’une saison sèche allant de novembre à mai et une saison pluvieuse de juin à octobre, plus longue au sud du pays où les précipitations annuelles sont les plus importantes, avec une moyenne de 1400 mm. Ces précipitations diminuent considérablement au Nord avec moins de 381 mm. Elles déterminent ainsi trois zones climatiques que sont la zone forestière au sud, la savane arborée au centre, la zone de steppe semi désertique au nord.
L’organisation administrative, territoriale et locale, de la République du Sénégal est fixée par le décret du 10 septembre 2008 fixant le ressort territorial et le chef-lieu des régions et des départements et la loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des collectivités locales. Le Sénégal a opté pour une politique de déconcentration administrative avec un découpage en 14 régions, 46 départements et 123 arrondissements.
Le Sénégal compte en 2021 une population de 17215428 habitants avec une densité de 88 habitants au km². Il existe une forte disparité dans la répartition de la population entre les 14 régions administratives du pays.
Depuis le début des années 2000, il y a un regain d’intérêt de la communauté internationale et la dynamique ne cesse de s’amplifier en faveur du contrôle, de l’élimination et de l’éradication des MTN
Les résultats de la première édition de l’enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM) réalisée au Sénégal ont mis en exergue les efforts du Gouvernement dans l’amélioration des conditions de vie des populations.
Il ressort des résultats de ladite enquête que le taux de pauvreté s’est établi à 37,8% contre 42,8% en 2011, soit une baisse de 5 points. Les résultats de l’enquête révèlent également que le taux d’extrême pauvreté au Sénégal est passé de 12,2% à 6,8% sur la même période.
Conformément aux orientations du PNDS 2009-2018, la Direction en charge de la Planification, de la Recherche, et des Statistiques (DPRS) et la Direction Générale de la Santé (DGS) ont été créées en 2012. Le rattachement de l’action sociale au Ministère de la Santé en 2012 a conduit à la création de la Direction Générale de l’Action sociale et à l’érection de la Direction Générale des Etablissements de Santé (DGES) suivant le décret 2020-936 du 03 avril 2020 portant organisation du MSAS.
Sur le plan des ressources humaines, le recrutement accru de personnels techniques a permis de relever les effectifs des médecins, techniciens supérieurs de santé, sages-femmes, infirmiers, assistants infirmiers dans les structures sanitaires. Toutefois, les ratios de couverture pour le personnel de santé qualifié sont encore en deçà des normes. Il importe de renforcer les ressources humaines de santé aussi bien quantitativement que qualitativement afin d’atteindre les objectifs fixés.
Le Sénégal est divisé en 14 régions médicales 79 districts sanitaires comprenant : (i) 118 centres de santé ; (ii) 1 553 postes de santé ; (iii) 2 053cases de santé en 2021. ’offre privée de service de soins est très importante. En effet, la cartographie réalisée en 2017, comptabilise 2 754 Structures Privées Sanitaires (SPS).
Durant les dix dernières années, l’État du Sénégal a consenti des efforts notoires pour renforcer le système de santé et améliorer l’accès global des populations aux soins : construction, réhabilitation et équipement des structures sanitaires de base et de référence. Malgré ces réalisations, le secteur de la santé et de l’action sociale continue à être confronté à une insuffisance d’infrastructures.
Conformément aux orientations du PNDS 2009-2018, la Direction en charge de la Planification, de la Recherche, et des Statistiques (DPRS) et la Direction Générale de la Santé (DGS) ont été créées en 2012. Le rattachement de l’action sociale au Ministère de la Santé en 2012 a conduit à la création de la Direction Générale de l’Action sociale et à l’érection de la Direction Générale des Etablissements de Santé (DGES) suivant le décret 2020-936 du 03 avril 2020 portant organisation du MSAS
Le Sénégal dispose d’une Politique Pharmaceutique Nationale (PPN) qui s’aligne sur le Plan Sénégal Émergent (PSE) et sur la Politique nationale de Développement Sanitaire et Social, qui vise l’atteinte des Objectifs pour le Développement Durable (ODD). Elle repose essentiellement sur un approvisionnement régulier en médicaments de qualité, une réglementation pharmaceutique forte, une production locale de produits pharmaceutiques, un financement adéquat du médicament et une recherche opérationnelle active.
La disponibilité et l’accessibilité géographique et financière des médicaments de qualité à toutes les couches de la population est une des priorités de la politique de santé.
Le secteur de la santé est essentiellement financé par l’Etat, les collectivités territoriales, les communautés, les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) et le secteur privé. Les dépenses du gouvernement pour la santé représentaient 9% du budget en 2020 ; ce qui est faible par rapport à l’objectif recommandé par la Déclaration d’Abuja qui est de 15%.
Les principaux secteurs intervenant dans la lutte contre les MTN :
- Le secteur de l’éducation
- Le secteur de l’élevage et des productions animales
- Le secteur de l’Eau, de l’hygiène et de l’Assainissement (WASH)
- Le secteur de l’urbanisme, du logement et de l’hygiène publique
- Le secteur des collectivités territoriales, du développement et de l’Aménagement du Territoire
Parmi les 17 MTN ciblées dans la région Africaine de l’OMS quatorze (14) sont endémiques au Sénégal, dont cinq (5) MTN à chimiothérapie préventive de masse (Filariose Lymphatique, Onchocercose, Schistosomiases, Géo helminthiases et Trachome) et neuf (9) à Prise en Charge de cas (Lèpre, Ver de guinée, Rage, Leishmaniose, Dengue, Envenimation par morsure de serpent, Mycétome, Gale, Trypanosomiase Humaine Africaine (THA).
Programme stratégique : but et objectifs
L’objectif du PSNMTN 2022-2025 est de réduire la charge de morbidité et de la mortalité à travers le contrôle, l’élimination et l’éradication des maladies tropicales négligées au Sénégal d’ici 2025
Les principes directeurs qui guident la mise en œuvre du PSNMTN 2022-2025 reposent sur
- L’efficience avec une gestion axée sur les résultats ;
- La prise en charge et l’appropriation par les communautés et les politiques ;
- La responsabilité mutuelle des autorités nationales, des partenaires et des communautés, transparence et responsabilisation gage de durabilité ;
- L’engagement envers la collaboration et le partage ;
- L’innocuité – « Ne pas nuire » tout en procurant des bienfaits en matière de santé ;
- L’équité avec un accès des populations défavorisées et isolées aux prestations de soins curatifs et préventifs ;
- Le genre : le plan stratégique renforcera l’égalité des sexes tout au long de sa mise en œuvre tout en promouvant l’équité entre les sexes au niveau local où se trouvent les bénéficiaires des interventions contre les MTN.
Les objectifs tournent auprès de trois (03) piliers stratégiques qui sont :
- Accélérer l’action programmatique contre les MTN, notamment les interventions visant à réduire l’incidence, la prévalence, la morbidité, les incapacités et la mortalité.
- Intensifier les approches transversales en intégrant des interventions portant sur plusieurs MTN et en les incluant dans le système de santé national.
- Modifier le modèle opérationnel et la culture en place en renforçant l’appropriation du pays, en clarifiant les rôles des organisations, institutions et autres parties prenantes, leur culture et leurs perceptions et en les alignant pour atteindre les cibles 2025.
Dans une optique de pérennisation de ses acquis, le Sénégal s’inscrit dans une dynamique de mobilisation des acteurs nationaux et internationaux impliqués dans la lutte contre les MTN. C’est ainsi qu’un plan de durabilité a été élaboré. Il vise à intégrer les interventions MTN dans les politiques, la planification et les processus de budgétisation nationaux.
Conclusion
La lutte contre les MTN reste une priorité pour le gouvernement du Sénégal car permettant de contribuer à la réduction de la pauvreté et à l’atteinte des objectifs du développement durable (ODD).
Une coordination étroite et une action multisectorielle à l’échelle du secteur de la santé et au-delà de ce secteur, englobant non seulement la lutte antivectorielle, l’eau et l’assainissement, la santé animale et environnementale et l’éducation à la santé, mais aussi, notamment, l’enseignement et le handicap, permettront de maximiser les synergies.
Il importe également d’intégrer les interventions dans le cadre de plateforme afin d’améliorer le rapport coût/efficacité.
Le renforcement des capacités du système de santé permettra de garantir le déploiement des interventions par le biais d’infrastructures existantes, de renforcer la pérennité et l’efficacité des interventions et de permettre un accès équitable pour les individus à tous les aspects des traitements, des soins et des services de prévention.
Le défi majeur de la mise en œuvre du plan réside dans son financement et dans son appropriation par les politiques et les communautés. Il importe alors de mener des actions de plaidoyer efficaces en direction de ces cibles afin d’améliorer le financement domestique de la lutte durable contre les MTN.
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