Dior Dieng, Présidente du foyer de la femme à Kounghel: « Il faut des personnes qui viennent renforcer les capacités et la formation des jeunes filles et des femmes »

Les entretiens de WATHI – Les régions du Sénégal – Focus Kaffrine

Dior Dieng

Dior Dieng est un agent de développement communautaire qui vit à Kounghel dans la région de Kaffrine. Elle est également la présidente du foyer de la femme de la commune de Kounghel. Elle est également la présidente de l’Association des épouses des enseignants de la commune de Kounghel.

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Extraits

Quelles sont les principales activités des femmes et des filles dans la commune de Kounghel?

Au-delà du département de Kounghel, la région de Kaffrine est une zone où les femmes s’activent beaucoup dans l’agriculture, de la semence à la transformation des produits récoltés. Pour preuve, le Grand prix du chef de l’État en matière de transformation a été décerné à des femmes du département de Kounghel cette année.

Nous transformons tous les produits locaux, c’est très varié. Nous faisons de la farine enrichie pour les enfants en situation de malnutrition. Nous transformons des fruits, des légumes, de l’arachide etc.

Les femmes arrivent-elles à subvenir à leurs besoins grâce à ces activités économiques?

Pas totalement. Certes, ces activités leur permettent d’avoir des revenus non négligeables mais il reste à faire. Avec une plus grande assistance, plus de renforcement de capacités et un bon accompagnement, les femmes pourraient tirer un meilleur profit de ces activités.

Il y a des produits que l’on transforme mais on ne sait pas comment les écouler sur le marché et en faire la promotion à une grande échelle. Pour la transformation des produits, nous rencontrons des problèmes d’équipement. Parfois, il est nécessaire d’avoir le bon équipement afin que la qualité des produits que l’on transforme soit impeccable.

Aujourd’hui, on écoule nos produits à l’intérieur du pays seulement alors que le marché n’est pas très grand. Pour écouler la pâte d’arachide par exemple, les femmes font leur commerce au bord de la route alors que c’est un danger pour elles, il n’y a pas de sécurité. Parfois, après toute une journée de labeur, elles ont des revenus. D’autre fois, elles n’ont rien. C’est une question de chance.

Si on leur montrait des circuits adéquats pour vendre leurs produits, ce serait clairement une amélioration. Nos produits sont clairement intéressants car tout le monde a besoin de pâte d’arachide, d’arachide en poudre, de jus locaux etc.

Il faudrait aussi qu’il y ait un suivi. Pas seulement renforcer leurs capacités, mais les accompagner et les suivre dans leurs activités

De nos jours, le moringa est très prisé et des gens viennent de l’extérieur du pays pour en trouver. Nous faisons des produits à base de moringa et tout le monde devrait pouvoir en profiter mais nous ne savons pas comment faire pour écouler ces produits. Il faudrait aussi des moyens pour assurer la meilleure qualité à ces produits que l’on transforme mais aussi avoir une bonne quantité.

L’agriculture est une des principales activités des femmes dans la région de Kaffrine. Quels sont les problèmes qu’elles rencontrent dans ce secteur?

Le premier problème est l’accès à la terre. A causes de certaines pesanteurs socioculturelles, c’est aux hommes que revient généralement la terre. Ils réservent une petite partie aux femmes qui ne peuvent pas faire tout ce qu’elles veulent comme activité.

En plus du problème d’accès à la terre, la distribution des semences est inégalitaire. La plus grande partie revient aux hommes qui donnent aux femmes une portion. Il y a aussi un problème d’accompagnement des femmes. Par ailleurs, accompagner et former les femmes sur les techniques agricoles serait un grand avantage. Il est difficile de réussir quelque chose sans savoir le chemin à emprunter. Donc, on devrait pouvoir former les femmes sur les techniques agricoles telles que le maraichage ou les grandes cultures.

Que faire pour aider les femmes de Kaffrine à mieux contribuer à la prospérité de leur localité?

Comme je l’ai dit, il s’agit de leur fournir une assistance. Lorsque je parle d’assistance, je parle de les accompagner, leur donner des moyens, leur fournir des connaissances afin qu’elles puissent réaliser tout ce dont elles sont capables. Il n’y a pas assez d’aide pour les femmes de la région et il est important de renforcer leurs capacités. Il faudrait aussi qu’il y ait un suivi. Pas seulement renforcer leurs capacités, mais les accompagner et les suivre dans leurs activités.

Je suis la présidente du foyer de la femme de la commune de Kounghel. Parmi les actions à faire, ce foyer pourrait servir de lieu de formation et d’insertion pour les jeunes filles de la commune. Elles pourraient y être alphabétisées, apprendre la couture ou la transformation. Mais pour faire ne serait-ce que cela, il faudrait que nous ayons de l’aide notamment pour le matériel. Sans cela, avec quelles machines enseigner aux jeunes filles la couture? Si nous voulons leur apprendre la transformation, sur quoi pouvons-nous nous baser pour leur donner des cours ? Voilà les problèmes que l’on rencontre. Il faut des personnes qui viennent renforcer les capacités autant pour les jeunes filles que pour les femmes.

On devrait pouvoir former les femmes sur les techniques agricoles telles que le maraichage ou les grandes cultures

Nous y travaillons mais il y a tant de choses à faire. C’est pour cela que nous lançons un appel à toute bonne volonté qui peut nous accompagner.

Les femmes sont-elles représentées dans les instances de prise de décision au sein de la région?

Avec la loi sur la parité, on voit davantage de femmes dans les instances politiques. Avant, cela n’existait pratiquement pas. Mais aujourd’hui, on voit des femmes au conseil départemental et des femmes députées grâce aux listes électorales qui doivent être paritaires désormais. Avant, cela n’existait pas mais les choses ont tendance à changer. Toutefois, il reste du chemin à faire pour que les femmes soient vraiment représentées comme elles devraient l’être sur la scène politique.

 


Source photo : Watu Digital Lab

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