Présentation des résultats de l’Indice de perception de la corruption 2021 pour le Sénégal, Forum Civil, janvier 2022

Auteur : Forum Civil

Type de publication : Rapport

Date de publication : janvier 2022


* Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

Les résultats de l’IPC 2021 montre que le Sénégal s’enfonce dans la zone rouge en perdant deux (2) points par rapport à l’IPC 2020.

Malgré sa progression constatée à partir de 2013, le Sénégal avait finalement stagné dans la zone rouge de 2016 à 2020 avec une note de 45/100.

Les résultats de l’IPC 2021 montrent, cependant, que le Sénégal est en train de régresser avec une note de 43/100 perdant ainsi deux (2) points par rapport à l’IPC de l’année dernière.

Ainsi, le Sénégal se retrouve avec la note qu’il avait obtenu en 2014 (43/100).

Il faut noter aussi, à l’instar du Sénégal, qu’aucun pays de l’UEMOA n’a obtenu la note de 50/100. Tous les huit (8) pays de la zone-UEMOA sont dans la zone rouge.

L’IPC au niveau mondial : Top 10 des pays champions en matière de lutte contre la corruption

Aucun pays du top 10 n’a régressé par rapport à l’IPC 2020. Si certains pays (Danemark, New Zélande, Singapore, Suède, Suisse, Pays Bas, Luxembourg, et l’Allemagne) maintiennent leur score de l’année dernière, d’autres ont progressé (la Finlande a fait un bon de trois (3) points et la Norvège a fait un bon d’un (1) point).

L’IPC au niveau africain

Une analyse des résultats au niveau africain montre que seuls cinq (5) pays2 sont en dehors de la zone rouge à savoir :

  • –  Les Seychelles (70 points). Elles gagnent quatre (4) points par rapport à l’année dernière.
  • –  Le Cap Vert (58 points). Il garde le même nombre de point que l’année dernière et

devance le Botswana qui a perdu cinq (5) points par rapport à l’IPC 2020.

  • –  Le Botswana (55 points). Il avait perdu un point dans l’IPC 2019 et a perdu cette année cinq (5) points par rapport à l’IPC 2020. Il perd en même temps la place de deuxième

meilleur score de l’Afrique Subsaharienne.

  • –  L’Ile Maurice (54 points) devance le Rwanda et gagne un point par rapport à l’IPC 2020

(53 points). Elle a progressé de deux (2) points par rapport à l’IPC 2019 (52 points)

  • –  Le Rwanda (53 points). Il perd un point par rapport à l’IPC 2020 (54 points)

 

Extrait tableau des scores et rangs des pays de l’Afrique Subsaharienne :

 

L’IPC au niveau de la CEDEAO

Parmi les quinze (15) pays de la CEDEAO, seul un (1) pays est en dehors de la zone rouge, à savoir le Cap-Vert avec un score de 58 points sur 100. Le Cap-Vert conserve sa note des deux dernières années et perd deux places au rang mondial 41eme dans l’IPC 2020 et occupe la 39eme place dans l’IPC 2021.

Le Cap-Vert devance le Sénégal de 15 points. Au moment où le Sénégal s’enfonce dans la zone rouge avec la note de 43/100, d’autres pays progressent timidement tout en restant dans la zone rouge. Il s’agit du Bénin (42 points contre 41 dans l’IPC 2020), du Burkina Faso (42 points contre 40 dans l’IPC 2020), du Sierra Léone (34 points contre 33 dans l’IPC 2020), du Togo (30 points contre 29 dans l’IPC 2020), du Libéria (29 points contre 28 dans l’IPC 2020) et la Guinée Bissau (21 points contre 19 dans l’IPC 2020).

Pendant ce temps, le Nigéria, un géant économique continue de régresser dans la profondeur de la zone rouge. Il passe de 25 à 24 points alors qu’il était à 26 points dans l’IPC 2019. Il partage cette régression avec le Niger 31 points contre 32 dans l’IPC 2020, le Mali 29 points contre 30 points dans l’IPC 2020, la Guinée 25 points contre 28 points dans l’IPC 2020.

Les recommandations du Forum Civil :

Le Forum Civil, section sénégalaise de Transparency International, recommande :

Au Président de la République :

  • De prendre des mesures pour faire cesser l’impunité dans la mauvaise gestion des ressources publiques ;
  • De s’abstenir de maintenir sous le Coude des dossiers qui lui sont transmis par les Corps de Contrôle ;
  • De donner suite aux recommandations du Comité de Concertation et de Modernisation de la Justice ;
  • D’exhorter les autorités habilitées à faire la lumière sur l’octroi des licences de pêches ;
  • D’obliger les autorités contractantes ((principalement sur les dépenses de Santé) à rendre publiques les listes des bénéficiaires des marchés passés sous le régime du décret n°2020- 781 du 18 mars 2020 dérogeant au Code des marchés publics (marchés riposte Covid-19) ;
  • De mettre fin à l’illégalité toujours en cours à la Direction de l’Autorité de Régulation des Marchés publics et de retirer cet organe de contrôle des marchés publics de la tutelle de la Présidence de la République ;

Aux corps de contrôle :

  • –  A l’OFNAC de s’attaquer à la grande corruption et de publier ses rapports d’activité et d’être moins passif ;
  • –  A la Cour des Comptes et à l’IGE de publier leurs rapports d’audit et de contrôle ;
  • –  A la CREI, de sortir de sa léthargie actuelle et de traiter les dossiers en souffrance ;

A l’Assemblée nationale :

  • D’user de ses pouvoirs constitutionnels et législatifs pour éclairer les Sénégalais sur les financements et réalisations des projets suivants : l’Autoroute Thiès-Touba, l’Autoroute Dakar-Diamniadio, le Pôle Industriel de Diamniadio, la réfection du Building Administratif, l’Autoroute Mbour-Kaolack, l’avance de démarrage de la route Fatick- Kaolack, la Cité de l’Émergence, le Centre International de Diamniadio, l’UNIDAK2 de Diamniadio, l’attribution du Port de Bargny Sindou, les concessions de NECOTRANS, la gestion opaque du King Fahd PALACE, la nature et le contenu des contrats relatifs au Train Express Régional (TER) et au Bus Rapid Transit (BRT)

Au Procureur de la République :

  • De rendre compte au peuple sénégalais du traitement de tous les dossiers transmis par les corps de contrôle ;