Auteur : World Bank
Site de publication : Banque Mondiale
Type de publication : rapport
Date de publication : Juin 2023
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Développements récents et perspectives économiques.
La croissance économique du Sénégal s’est ralentie en 2022 dans un contexte complexe caractérisé par de fortes pressions inflationnistes, la hausse des prix mondiaux des produits de base, un régime pluviométrique défavorable et un ralentissement économique global lié à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Après une forte reprise de la croissance en 2021 pour atteindre 6,5 % du PIB, la croissance du PIB réel a ralenti en 2022 pour atteindre 4,2 %, à la suite d’une baisse de l’investissement privé et des exportations, ainsi que d’une contraction de la production industrielle. L’inflation a atteint 9,6 % en 2022 et un niveau record de 14,1 % en novembre 2022, frappant plus durement les ménages à faible revenu qui consacrent plus de la moitié de leur revenu à l’alimentation, et les poussant à substituer les aliments de qualité supérieure par des aliments de moindre qualité.
La dette publique a augmenté de manière significative depuis 2019. Elle a atteint 69,1 % du PIB en 2020, 73,3 % en 2021 et 76.6 % du PIB en 2022. La dette intérieure a augmenté très rapidement et devrait continuer sur cette trajectoire. Elle a été tirée par l’émission d’obligations du Trésor sur le marché régional. Toutefois, l’encours de la dette du Sénégal reste principalement composé de la dette extérieure contractée auprès de créanciers commerciaux et de la dette contractée auprès de créanciers multilatéraux et bilatéraux.
La croissance économique du Sénégal s’est ralentie en 2022 dans un contexte complexe caractérisé par de fortes pressions inflationnistes, la hausse des prix mondiaux des produits de base, un régime pluviométrique défavorable et un ralentissement économique global lié à l’invasion de l’Ukraine par la Russie
Le resserrement monétaire mondial, déclenché par l’inflation à la suite de l’invasion russe en Ukraine, a entraîné une augmentation des coûts d’emprunt sur les marchés nationaux et internationaux. L’augmentation du taux directeur 2022 de la BCEAO de 2 % en juin à 2,75 % en décembre a entraîné une hausse des rendements dans la plupart des pays de l’UEMOA.
Le compte courant s’est détérioré en 2022 sous l’effet de l’augmentation des coûts d’importation et du service de la dette extérieure. Le déficit du compte courant s’est creusé pour atteindre 19,5 % du PIB en 2022 contre 12,4 % du PIB en 2021, reflétant l’augmentation des importations. Les valeurs des importations ont été affectées par la hausse des prix des importations de produits pétroliers et alimentaires, et des importations de services associés à l’industrie des hydrocarbures.
Quant au taux de pauvreté, il devrait reculer à 33,6 % en 2023, contre 35 % en 2022, grâce à la forte croissance de l’agriculture et à la baisse de l’inflation. Les paiements d’aide sociale devraient augmenter et la couverture de la protection sociale devrait s’étendre, en partie grâce aux économies réalisées par l’élimination des subventions à l’énergie.
Les perspectives sont soumises à de fortes incertitudes et à des risques importants. Le ralentissement économique et l’inflation chez les principaux partenaires commerciaux du Sénégal pourraient réduire la consommation privée et aggraver les développements extérieurs. À court terme, l’impact de la guerre en Ukraine continuera à se faire sentir sur les prix des denrées alimentaires de base, bien qu’il soit atténué par la baisse des prix des produits de base produits dans le pays. La hausse des prix du pétrole et des produits agricoles (en particulier des céréales importées comme le blé) pourrait encore freiner la demande intérieure en limitant la consommation privée. La hausse des prix des transports et les difficultés d’approvisionnement en matériaux de construction pourraient affecter les secteurs des transports et de la construction, notamment par le biais des activités portuaires et des réexportations vers les pays voisins.
Répondre aux besoins des ménages vulnérables à la pauvreté au Sénégal
Un ménage est dit « vulnérable » lorsqu’il a une probabilité d’au moins 50 % de tomber dans la pauvreté au cours des deux prochaines années en cas de choc.
Le taux de vulnérabilité des ménages au Sénégal est estimé à 54,2 % pour 2018, soit l’équivalent de 1,5 fois l’incidence de la pauvreté qui est de 37,8 %. Ainsi, les pandémies, les guerres et les sécheresses, si elles devaient avoir lieu, pourraient plonger plus de la moitié de la population dans la pauvreté, en l’absence de mesures compensatoires pour soutenir les ménages.
Quant au taux de pauvreté, il devrait reculer à 33,6 % en 2023, contre 35 % en 2022, grâce à la forte croissance de l’agriculture et à la baisse de l’inflation. Les paiements d’aide sociale devraient augmenter et la couverture de la protection sociale devrait s’étendre, en partie grâce aux économies réalisées par l’élimination des subventions à l’énergie
Les taux de vulnérabilité et de pauvreté sont plus élevés dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Comme la pauvreté, la vulnérabilité au Sénégal est élevée dans toutes les régions, à l’exception de Dakar. Au niveau national, deux tiers de la vulnérabilité résultent d’un niveau élevé de pauvreté et un tiers du risque de tomber dans la pauvreté en cas de choc négatif.
Les ménages vulnérables et non vulnérables présentent des caractéristiques sociodémographiques et économiques très différentes qui doivent être prises en compte dans l’élaboration des politiques publiques. Les ménages peuvent généralement être classifiés en trois catégories : (i) les ménages vulnérables chroniquement pauvres, (ii) les ménages vulnérables non pauvres et (iii) les ménages non vulnérables et non pauvres. Les deux premières catégories, qui forment ensemble les ménages vulnérables à la pauvreté, représentent 55 % de la population, tandis que la dernière catégorie, celle des ménages non vulnérables et non pauvres, représente un peu plus de 45 % de la population. Ces ménages peuvent être caractérisés par leur type de résidence, leur accès aux infrastructures de base, leur niveau d’éducation et leur type d’emploi.
La première différence entre les ménages vulnérables à la pauvreté et les ménages non vulnérables est le lieu de résidence. Les ménages vulnérables à la pauvreté sont proportionnellement plus nombreux dans les zones rurales.
Les zones rurales contiennent un peu plus de la moitié de la population (53 %) mais abritent 80 % de la population des ménages vulnérables chroniquement pauvres et deux tiers des ménages vulnérables non pauvres. Les ménages chroniquement pauvres sont plus grands (15 personnes en moyenne par ménage) que les ménages vulnérables non pauvres (10 personnes) et les ménages non vulnérables non pauvres (7 personnes). Le niveau d’éducation, une mesure du capital humain, augmente fortement avec le degré de bien-être. Le nombre moyen d’années d’éducation passe de moins de deux ans pour les ménages chroniquement pauvres à plus de cinq ans pour les ménages non vulnérables et non pauvres. Les ménages chroniquement pauvres et les ménages vulnérables non pauvres sont également proportionnellement plus susceptibles d’être des agriculteurs et moins susceptibles d’être employés dans le secteur formel.
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