Analyse situationnelle rapide des liens entre changement climatique, protection de l’environnement et création d’emplois au Sénégal, Organisation internationale du travail, Avril 2022

Auteur: Organisation internationale du travail

Site de publication: OIT

Type de Publication:  Rapport

Date de publication: Avril 2022

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Introduction 

Aujourd’hui, l’humanité n’a que trois options pour faire face aux changements climatiques et leurs impacts : atténuer (réduire les émissions), s’adapter ou subir. Ces options sont fondamentalement liées. Dans ce contexte, la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, adoptée en 1992 à Rio, avait pour principal objectif de « stabiliser conformément aux dispositions pertinentes de la Convention, les concentrations de Gaz à Effet de Serre (GES) dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique ».

Au Sénégal, les changements climatiques sont à l’origine d’innombrables difficultés socio-économiques. Ils affectent significativement la trajectoire de développement économique du pays et ralentissent ses efforts en matière de lutte contre la pauvreté.

Ainsi à l’instar des autres pays Parties à l’Accord de Paris, le Sénégal a validé en 2020 sa Contribution Déterminée Nationale (CDN), qui devient dès lors le cadre politique principal de référence en matière de lutte contre les changements climatiques au niveau national. Les ambitions affichées dans ce document sont de : (i) réduire de 7% ses émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) d’ici 2030 en inconditionnel (et de 29,5% conditionnel) et d’améliorer la résilience des écosystèmes et des populations dans huit (08) secteurs stratégiques de développement, vulnérables aux changements climatiques.

Effets sur la pauvreté et le bien-être 

Comme la croissance économique ne s’est manifestée que récemment, le Sénégal reste confronté à des taux élevés de pauvreté et à un nombre d’emplois limité dans le secteur formel. Les estimations de la Banque mondiale suggèrent que, bien que l’extrême pauvreté ait diminué, le rythme de cette réduction a été lent et les inégalités persistent.

Au Sénégal, les changements climatiques sont à l’origine d’innombrables difficultés socio-économiques. Ils affectent significativement la trajectoire de développement économique du pays et ralentissent ses efforts en matière de lutte contre la pauvreté

Selon les projections les plus récentes, environ un tiers de la population (33%) vit en dessous du seuil international d’extrême pauvreté de 1,90 $ par jour, contre 38% en 2011. Par rapport à d’autres pays et en dépit d’une croissance économique rapide, le rythme de réduction de la pauvreté au Sénégal a été relativement lent. De plus, certaines inégalités (par exemple de revenu) semblent avoir persisté au cours de la même période.

La gouvernance des programmes sociaux est cruciale pour leur effectivité. Deux études récentes de la Banque mondiale mettent en exergue le manque d’équité dans la définition de certains des grands programmes sociaux et subventions publiques. En effet, certains grands programmes sociaux et subventions publiques ne bénéficient pas aux pauvres.

Contribution du capital naturel au revenu et à l’emploi

La question de la contribution du secteur de l’environnement à l’économie nationale fait de plus en plus l’objet d’études et de recherches à travers des projets. L’un de ces projets a permis d’étudier la contribution des ressources sauvages et de leurs produits dérivés à l’économie nationale grâce à l’étude de filières des produits forestiers non ligneux (PFNL) tels que la noix d’anacarde et la pomme de cajou, les produits de la Pharmacopée, les viandes sauvages, etc.), ainsi que d’autres activités économiques telles que le tourisme cynégétique.

Le capital forestier était estimé à 16.565 milliards de francs CFA en 2010. Cette valeur se compose essentiellement des actifs en bois sur pied (99,95%) et du carbone forestier (0,05%). La production des biens forestiers est évaluée à 119,1 milliards de FCFA aux prix courants en 2010. L’essentiel de cette production est constitué de produits forestiers d’origine végétale pour 115,5 milliards de FCFA soit 96,9% et des produits d’origine animale qui ne représentant que 3,1% (3,6 milliards de FCFA).

Selon les projections les plus récentes, environ un tiers de la population (33%) vit en dessous du seuil international d’extrême pauvreté de 1,90 $ par jour, contre 38% en 2011. Par rapport à d’autres pays et en dépit d’une croissance économique rapide, le rythme de réduction de la pauvreté au Sénégal a été relativement lent. De plus, certaines inégalités (par exemple de revenu) semblent avoir persisté au cours de la même période

Évolution des tendances climatiques et perspectives 

En ce qui concerne l’évolution des tendances climatiques et perspectives, il existe un consensus sur les tendances des indicateurs climatiques structurants des écosystèmes sénégalais, en termes de modifications constatées des températures, de la pluviométrie et des caractéristiques des surfaces de la mer.

De façon générale, il est observé une forte augmentation des températures minimales alors que les températures maximales ont subi une légère augmentation. Les prévisions indiquent une variation moyenne de +1,1 à 1,8 degré Celsius à l’horizon 2035. Du côté de la pluviométrie, l’analyse de l’évolution moyenne montre une diminution des précipitations de 1951 à 2000 sur les zones de référence. Les tendances futures prévoient la continuation de cette tendance à l’horizon 2035 et des épisodes extrêmes qui varieront entre -30% et +30%.

Impacts et vulnérabilités des systèmes socio-économiques  

L’agriculture voit sa contribution à la valeur ajoutée osciller à environ 17% 2005 et 2019. Il faut souligner que l’agriculture sénégalaise a principalement souffert, durant ces dernières décennies, des évènements climatiques à évolution lente comme la sécheresse, la désertification, la dégradation des terres, la perte de la biodiversité et la salinisation.

Les inondations sont également de plus en plus récurrentes et ont des répercussions directes sur ce secteur avec l’anéantissement des investissements réalisés dans les périmètres irrigués et la submersion des cultures ; elles ont aussi des répercussions indirectes, en termes de pertes de terres dues à l’érosion, au ravinement des terres, etc.

Les effets négatifs des changements climatiques sur l’agriculture ont des répercussions importantes au niveau socio-économique. Ils sont à l’origine d’une baisse de la production et donc des revenus des agriculteurs entraînant par ricochet une insécurité alimentaire. Ils entraînent également des conflits entre agriculteurs mais aussi entre agriculteurs et éleveurs pour l’accès aux ressources

Politiques de transition juste dans le cadre des CDN

En vue de faciliter la mise en œuvre d’une transition juste, il est important de se référer aux principes directeurs de l’OIT. En effet, ce dernier a défini un ensemble d’orientations pour des politiques d’intervention d’une transition juste dans les neuf domaines clés suivants : politiques macroéconomiques et politiques de croissance ; politiques industrielles et sectorielles ; politiques concernant l’entreprise ; développement des compétences ; sécurité et santé au travail ; protection sociale ; politiques actives du marché du travail ; droits ; et dialogue social et tripartisme.

Les principes directeurs de l’OIT se fondent sur un ensemble de mesures parmi lesquels la nécessité d’un consensus issu du dialogue social ; le respect des principes et droits fondamentaux au travail ; l’égalité des genres ; et des politiques cohérentes instaurant un environnement favorable aux entreprises, aux investisseurs et aux travailleurs dans l’optique de créer un environnement propice à une transition juste.

Les inondations sont également de plus en plus récurrentes et ont des répercussions directes sur ce secteur avec l’anéantissement des investissements réalisés dans les périmètres irrigués et la submersion des cultures ; elles ont aussi des répercussions indirectes, en termes de pertes de terres dues à l’érosion, au ravinement des terres, etc

Afin de favoriser une politique nationale de transition juste au Sénégal, le choix des secteurs clés de l’économie du pays, à savoir, l’agriculture, l’élevage et la sylviculture, l’énergie durable et l’accès à l’énergie, la pêche et l’aquaculture, le tourisme, nous semble judicieux.

Potentiel de création d’emplois verts dans les secteurs prioritaires d’atténuation retenus 

Selon les directives adoptées lors de la dix‐neuvième conférence internationale des statisticiens(nes) du travail (CIST), l’emploi vert se réfère à une sous‐catégorie de l’emploi dans le secteur de l’environnement qui répond aux critères du travail décent (c’est‐à‐dire des salaires convenables, des conditions de sécurité, le respect des droits des travailleurs, le dialogue social et la protection sociale).

Au Sénégal, l‘élaboration de la Stratégie Nationale pour la Promotion des Emplois Verts (SNPEV) en 2015 avait permis ; grâce aux activités d’identification des filières pourvoyeuses d’emplois verts, à la mise en place de micro-projets, à la large consultation menée dans toutes les régions et à la mise en œuvre du PPEV, d’aboutir à une définition consensuelle de l’emploi vert : « toute activité humaine décente, individuelle ou collective, qui procure des revenus, préserve l’environnement et assure une utilisation rationnelle des ressources naturelles ».

Toutefois, un exercice de contextualisation de cette définition des emplois verts avait permis, en 2019, de convenir d’appréhender le critère de décence du travail dans le secteur de l’environnement à partir de deux indicateurs sélectionnés parmi ceux identifiés dans le manuel de l’OIT sur les indicateurs du travail décent.

Il s’agit des gains adéquats (à travers un niveau de revenu au moins égal aux 2/3 du salaire médian) et de la couverture sociale.  Ce choix implique l’exclusion des emplois informels (aussi bien dans le secteur formel que dans le secteur informel) et des emplois non rémunérés et par conséquent, que les emplois décents soient identifiés uniquement dans les emplois formels rémunérés.

 

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