Égalité de genre dans les universités publiques au Sénégal, Heinrich Boll Stiftung, Octobre 2021

Auteur : Convergence des femmes universitaires pour le leadership féminin

Site de publication : HBS

Type de publication : Enquête

Date de publication : octobre 2021

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Difficultés pour les femmes enseignantes chercheures à concilier vie familiale et vie professionnelle

La faible présence des femmes aux plus hautes responsabilités dans les universités publiques sénégalaises se justifie dans un premier temps par le fait qu’il est difficile pour elles de concilier vie professionnelle et vie familiale, surtout quand une maternité survient. Comme l’affirme M. D, professeure assimilée à l’UGB : «c’est un ensemble de blocages pour toutes les enseignantes chercheures mariées qui ont en charge l’éducation de leurs enfants et la gestion de leur ménage».

L’entrée massive des femmes sur le marché du travail n’a pas transformé radicalement les modalités de la répartition du travail domestique entre les hommes et les femmes. Les femmes assument toujours une plus grande part des activités domestiques et des soins aux enfants.

Les rapports de genre et leur position au sein du ménage limitent leur responsabilité dans les instances de gouvernance des universités et leurs problèmes y sont faiblement pris en compte. À ce propos, une autre femme soutient : Un homme peut être très rapidement professeur titulaire : très rapidement, parce qu’il ne fait pas face aux contraintes liées aux grossesses, ni à celles liées à l’éducation des enfants, etc.

Ce qui n’est le cas pour les femmes ; quand tu es femme, tu peux être très engagée et motivée à avancer rapidement dans ta carrière, mais quand tu tombes enceinte, tu es obligée de suspendre temporairement tes activités professionnelles, tes recherches personnelles, les conférences que tu dois faire au niveau international et tout.

Stéréotypes : la face invisible des disparités au niveau des postes de décision

En plus des contraintes familiales et biologiques, des conceptions stéréotypées développées à leur endroit font qu’il n’est pas facile pour les femmes enseignantes d’occuper des postes de responsabilité. Lorsqu’il s’agit de pourvoir un poste à responsabilités, les idées stéréotypées développées à l’endroit des femmes, notamment celles mariées, font que des hommes sont choisis à la place des femmes.

Il y a une masculinité hégémonique qui vise à assurer la perpétuation de la domination des hommes sur les femmes ; selon les femmes, les hommes ne sont toujours pas prêts à voir les femmes les diriger. Une femme enseignante à l’UCAD partage son expérience : Au niveau de notre faculté, nous faisons face à ces stéréotypes et préjugés ; c’est un défi pour moi ; les hommes quand ils se moquent de nous disent : « Vous allez revenir ici dans six mois le ventre en en avant, congés de maternité et puis c’est fini ».

Une culture organisationnelle et des critères de nomination peu sensibles au genre

Les femmes enseignantes chercheures au sein des universités sénégalaises sont confrontées à des difficultés quotidiennes pour progresser dans le grade. Certaines choisissent la famille ou la carrière, d’autres décident de ne pas se marier ou au mieux, de trouver un mari qui accepte de faire des compromis. « Il est important de poser le débat sur les difficultés rencontrées par les femmes mariées, parce que les conditions d’avancement dans la carrière ne sont pas du tout les mêmes. Les hommes réussissent plus facilement, non pas parce qu’ils sont meilleurs ou plus intelligents, mais parce qu’ils sont exemptés des charges sociales et familiales.

Les rapports de genre et leur position au sein du ménage limitent leur responsabilité dans les instances de gouvernance des universités et leurs problèmes y sont faiblement pris en compte. À ce propos, une autre femme soutient : Un homme peut être très rapidement professeur titulaire : très rapidement, parce qu’il ne fait pas face aux contraintes liées aux grossesses, ni à celles liées à l’éducation des enfants, etc

Les femmes enseignantes contraintes doublement, d’abord, par les normes sociales au niveau familial et, ensuite, par la reproduction de ses normes dans l’espace professionnel. Sur ce plan, la société protège beaucoup plus hommes que les femmes ». En effet, l’évolution du grade dans la carrière d’un(e) enseignant(e) est conditionnée(e) par l’enseignement et la recherche. Toutefois, la seconde fonction, sans doute la plus exigeante en temps, pose problème aux femmes en charge de plusieurs fonctions sociales et familiales difficiles à corréler à la recherche. Or, ce sont les publications scientifiques qui permettent l’avancement de la carrière et du grade.

Politique d’accompagnement timide pour l’avancement des carrières des enseignantes chercheures

Au sein de notre université, il n’y a rien qui est prévu pour les femmes. Cela étant, peut-être qu’on est en train de vouloir mettre une cellule genre pour un peu voire comment favoriser une meilleure prise en compte de ces questions. Pour le moment, il n’y a pas vraiment de cadre pour permettre aux femmes de s’épanouir un peu. L’enseignement est la vocation dans la carrière d’un enseignant, mais c’est la recherche et le nombre de publications qui lui permettent de progresser dans le grade et pour cela, il faut appuyer les femmes concernant leurs travaux (articles, voyage d’études, etc.) pour minimiser les pesanteurs sociales que présentent les charges familiales et domestiques.

Ce qui n’est le cas pour les femmes ; quand tu es femme, tu peux être très engagée et motivée à avancer rapidement dans ta carrière, mais quand tu tombes enceinte, tu es obligée de suspendre temporairement tes activités professionnelles, tes recherches personnelles, les conférences que tu dois faire au niveau international et tout

Il ressort de tous ces propos que, contrairement aux femmes, leurs homologues hommes sont souvent coachés et parrainés pour intégrer les réseaux relationnels leur ouvrant la porte de ces éditeurs. Ainsi, la faible présence des femmes dans ces réseaux et dans les mouvements syndicaux ne joue pas en leur faveur. Le mouvement syndical est quasi exclusivement masculin et prête peu attention aux disparités de genre et aux conditions de travail des femmes.

Recommandations pour une meilleure intégration du genre à l’université 

  • Évaluer et Réactiver le PAPES (Projet d’Appui à la Promotion des Enseignantes chercheures du Sénégal).
  • Formation et renforcement des capacités des étudiantes et enseignantes chercheures
  • Former les enseignantes chercheures à mettre en place des réseaux d’échange pour réduire la disparité de sexe au sein des différentes échelles de décisions dans les universités publiques du Sénégal.
  • Accompagner les femmes pour développer des réseaux de relations afin de faire avancer leur carrière.
  • Intégrer l’enseignement du Genre au niveau du secondaire et supérieur.
  • Partager les bonnes pratiques en matière d’institutionnalisation du Genre avec les autres universités.

 

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