Entre sentiments d’insécurité et d’impunité, les Sénégalais accusent le chômage des jeunes comme principale cause de la délinquance, Afro baromètre, Septembre 2021

Auteurs : Mamadou Abdoulaye Diallo & Soukeyna Diallo

Site de publication : Afrobaromètre 

Type de publication : Enquête 

Date de publication : Septembre 2021

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Sentiment et expérience d’insécurité

La majorité (63%) des Sénégalais se sont sentis en insécurité dans leurs quartiers au moins une fois tandis que le tiers (32%) des citoyens ont craint de subir un crime dans leurs maisons au cours des 12 derniers mois.

Ce sentiment d’insécurité dans les quartiers suit une tendance haussière depuis 2014, passant de 43% à 63%, soit une augmentation de 20 points de pourcentage. Cependant, la peur de subir un crime dans sa propre maison est restée plus stable, quoiqu’elle soit en légère hausse par rapport à 2017.

Le sentiment d’insécurité dans le quartier n’est pas ressenti de la même manière par tous les groupes socio-démographiques. Les habitants en milieu rural (67%) ressentent plus l’insécurité que les citadins (59%). Par ailleurs, la perception de l’insécurité semble décroître à mesure que le niveau d’éducation augmente, allant de 67% de ceux n’ayant reçu aucune éducation formelle à 55% de leurs concitoyens du niveau post-secondaire.

Si près d’un Sénégalais sur trois (32%) ont craint de subir un crime dans leurs propres maisons, ce sentiment varie fortement suivant les caractéristiques sociodémographiques. Les habitants en milieu rural (36%) et les femmes (34%) expriment plus une inquiétude que les citadins (27%) et les hommes (30%).

Iniquité et impunité

En plus du sentiment d’insécurité, plus des deux tiers (69%) des Sénégalais pensent que « souvent » ou « toujours », la loi traite les populations de manière inégale. Presqu’autant (65%) affirment que les officiels qui commettent des crimes restent « souvent » ou « toujours » impunis. Moins de la moitié (46%) considèrent que les personnes ordinaires sont « souvent » ou « toujours » impunies en cas de violation de la loi.

Appréciation des efforts du gouvernement pour réduire la criminalité

Plus de six Sénégalais sur 10 (62%) jugent « plutôt mal » ou « très mal » les performances du gouvernement en matière de réduction de la criminalité, une hausse de 18 points de pourcentage comparé à 2017. L’approbation des efforts du gouvernement dans ce domaine avait suivi une évolution positive entre 2013 et 2017, passant de 44% à 54%, avant de chuter à 37% en 2021.

Si près d’un Sénégalais sur trois (32%) ont craint de subir un crime dans leurs propres maisons, ce sentiment varie fortement suivant les caractéristiques sociodémographiques. Les habitants en milieu rural (36%) et les femmes (34%) expriment plus une inquiétude que les citadins (27%) et les hommes (30%)

Restriction des libertés au nom de la sécurité  

Si certaines personnes soutiennent la nécessité d’une restriction des libertés afin de protéger la société de la violence, d’autres s’opposent à ce que ces libertés soient sacrifiées sur l’autel de la sécurité.

Au Sénégal, la majorité des citoyens (59%) pensent que le gouvernement devrait pouvoir surveiller les communications privées, par exemple sur les téléphones mobiles, pour s’assurer que personne ne prépare des actes de violence.

Toutefois, deux personnes sur cinq (40%) jugent que les populations devraient pouvoir communiquer en privé sans faire l’objet d’écoute de la part du gouvernement.

Concernant les restrictions des déplacements au nom de la sécurité, près de six personnes sur 10 (57%) sont « d’accord » ou « tout à fait d’accord » que le gouvernement puisse empêcher les Sénégalais de se déplacer en cas de menaces de sécurité publique. Cependant, plus de quatre citoyens sur 10 (42%) pensent que les gens devraient pouvoir se déplacer à tout moment.  Cependant, moins de la moitié (45%) prônent une intervention de l’État pour réguler les prêches ; la majorité (54%) s’accordent sur le fait que le gouvernement ne devrait jamais réguler ce qui se dit dans les lieux de culte.

 

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