Auteurs : Onu Femmes et OIT
Site de publication : Onu femmes
Type de publication : Note de politique
Date de publication : 2022
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Introduction
La protection sociale est un ensemble de politiques et de programmes visant à réduire et prévenir la pauvreté et la vulnérabilité durant le cycle de vie. Elle désigne l’ensemble des dispositifs d’accompagnement permettant aux individus et aux ménages de faire face aux conséquences de la survenue d’un risque social, tel que la maladie, la vieillesse, l’invalidité ou la maternité, et à la perte de revenu ou l’augmentation des dépenses qui en découle. L’accès à la protection sociale constitue un droit humain universel, inscrit notamment dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ainsi que la Convention (n° 102) de l’OIT concernant la sécurité sociale.
Au Sénégal, des efforts importants ont été fournis ces dernières années pour renforcer le système de protection sociale. Cependant, la part de la population couverte reste relativement faible (20%, WSPR). En particulier, les travailleurs de l’économie informelle et rurale demeurent faiblement couverts par les mécanismes existants. Ainsi la Stratégie Nationale de Protection Sociale (SNPS) identifie parmi les réformes prioritaires, l’extension de la sécurité sociale à l’économie informelle, qui représente 97 % de l’emploi.
Au Sénégal, les femmes sont surreprésentées dans l’économie informelle : 93 % des femmes travaillent de manière informelle contre 86 % des hommes. En outre, les femmes de l’économie informelle sont confrontées à des défis spécifiques en matière d’accès à la protection sociale, mais également d’accès aux prestations et aux services (manque de temps, double charge – productive et sociale –, distance géographique, faible capacité contributive, manque de prise en compte de leurs besoins spécifiques, etc.).
Risques et vulnérabilités spécifiques au genre et contraintes rencontrées par les femmes de l’économie informelle au Sénégal
Les risques et les vulnérabilités spécifiques au genre tout au long de la vie : un frein d’accès au marché de l’emploi et à la protection sociale. Les vulnérabilités liées à cette situation d’informalité se voient exacerbées par les risques et les chocs spécifiques aux femmes qui s’accumulent au cours de la vie (mariage précoce, grossesse à l’adolescence, barrières à l’éducation et à la formation, risques de santé et de perte de revenus liés à la maternité, risques et contraintes liés au veuvage, risques de baisse de revenu liés à la vieillesse).
Les contraintes spécifiques liées au genre : le poids des normes sociales et des inégalités structurelles. Les normes et les attentes sociales concernant les rôles et les responsabilités des hommes et des femmes contribuent à limiter les possibilités des femmes sur le marché du travail et leur accès à la protection sociale.
Les inégalités d’accès et de contrôle des biens et des ressources, y compris les droits traditionnels fonciers et l’héritage, impliquent également que les femmes sont plus susceptibles d’être pauvres que les hommes. Seules 11 % des femmes disposent d’une propriété foncière en 2015 et seulement 39 % ont un compte en banque, ce qui réduit leurs opportunités de démarrer une activité génératrice de revenus et constitue un obstacle à l’autonomisation économique.
Au Sénégal, des efforts importants ont été fournis ces dernières années pour renforcer le système de protection sociale. Cependant, la part de la population couverte reste relativement faible (20%, WSPR). En particulier, les travailleurs de l’économie informelle et rurale demeurent faiblement couverts par les mécanismes existants. Ainsi la Stratégie Nationale de Protection Sociale (SNPS) identifie parmi les réformes prioritaires, l’extension de la sécurité sociale à l’économie informelle, qui représente 97 % de l’emploi
Au Sénégal, les femmes de l’économie informelle ne sont pas ou peu protégées contre les chocs économiques et sociaux. En outre, elles sont confrontées à des risques et vulnérabilités accrues liées aux inégalités entre les sexes tout au long de leur cycle de vie, occasionnant des besoins et obstacles spécifiques en matière d’accès à la protection sociale.
Cela signifie que tout effort visant à éliminer les lacunes dans la couverture de la protection sociale et à la rendre accessible à tous, comme le stipulent les Objectifs de développement durable (ODD), doit tenir compte des besoins spécifiques ainsi que des contraintes que rencontrent les femmes pour accéder à la protection sociale, que ce soit en raison de leur inéligibilité ou d’une conception et d’une mise en œuvre inadéquates des programmes de protection sociale.
Recommandations pour accélérer l’action en faveur d’un RSPC sensible au genre
Recommandation 1 : Adapter les mécanismes et les niveaux de contribution du RSPC aux contingences et aux capacités contributives des femmes dans l’économie informelle, puisque la majorité d’entre elles occupent des emplois occasionnels, irréguliers et mal payés.
Recommandation 2 : Revoir le paquet de bénéfices du RSPC et compléter la gamme des prestations offertes par des dispositifs complémentaires pour répondre aux besoins pratiques et stratégiques des femmes.
Recommandation 3 : Créer un cadre institutionnel de suivi, d’évaluation et d’apprentissage qui intègre la dimension genre.
Recommandation 4 : Renforcer le plaidoyer et la représentation des femmes dans la mise œuvre du RSPC.
Recommandation 5 : Investir dans la sensibilisation en adoptant une stratégie centrée sur les femmes.
Recommandation 6 : Dans le cadre de l’extension du RSPC à d’autres secteurs de l’économie informelle, procéder systématiquement à une analyse de genre dans le secteur et des relations de travail et conditions de rémunération entre hommes et femmes.
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