Violences basées sur le genre en Afrique de l’Ouest : cas du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso et du Niger, Friedrich-Ebert-Stiftung, Juin 2021

Auteur: Ndèye Amy Ndiaye

Site de publication: Friedrich-Ebert-Stiftung

Type de publication:  Rapport

Date de publication: Juin 2021

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Introduction 

Les violences basées sur le genre (VBG) ont depuis des décennies, été reconnues comme un phénomène traduisant des rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes, aboutissant à la domination et à une discrimination exercée souvent, par les premiers sur les secondes.

Ces violences freinent particulièrement la promotion des femmes et portent atteinte à leurs libertés fondamentales. Elles empêchent partiellement ou totalement, les femmes et filles, qui en sont victimes et qui ne sont pas suffisamment protégées, de jouir de leurs droits.

Les VBG font partie des principaux mécanismes sociaux de subordination d’une catégorie de personnes envers une autre. Ce sont aussi des violences sexistes puisque perpétrées contre une personne en raison de son sexe et de la place que lui accorde une société ou culture donnée. elles sont enracinées dans l’inégalité entre les hommes et les femmes à travers le monde.

En Afrique, la violence à l’encontre des femmes est entretenue par la socialisation différentielle des garçons et des filles. Dès leur plus jeune âge, les filles sont éduquées à tolérer et même parfois à accepter la violence domestique. En d’autres termes, les normes sociales et les stéréotypes seraient à l’origine des cas de violences enregistrés dans la sous-région. Dans plusieurs pays, notamment en Afrique de l’Ouest, les VBG traduisent des inégalités et disparités entre hommes et femmes, qui tiennent leurs origines du système social basé sur le patriarcat.

Les pratiques socioculturelles, le terrorisme et l’insécurité, sources d’aggravation des VBG au Burkina Faso 

A cause de la situation de crise qui sévit au Burkina Faso, l’insécurité et la criminalité transnationale sont devenues des fléaux récurrents, incitant souvent les populations à se déplacer. Contraintes à la fuite pour leur survie, les femmes deviennent plus vulnérables.

Les VBG font partie des principaux mécanismes sociaux de subordination d’une catégorie de personnes envers une autre. Ce sont aussi des violences sexistes puisque perpétrées contre une personne en raison de son sexe et de la place que lui accorde une société ou culture donnée. elles sont enracinées dans l’inégalité entre les hommes et les femmes à travers le monde

Les violences physiques et sexuelles constituent l’essentiel des cas de violences déclarées (72 %). Les autres cas telles que les violences culturelles (comme l’excision), les violences économiques (comme le non-accès à ses propres ressources) et les violences psychologiques (comme les insultes ou l’injure) existent aussi mais à des proportions plus faibles (respectivement 5 %, 7 %, et 17 %).

Les Violences basées sur le genre au Sénégal 

Pourtant, la réduction de l’espace humanitaire accentue leur précarité car elles deviennent par la force des choses, des chefs de famille, chargées par conséquent de subvenir aux besoins vitaux de la famille.

Elles sont obligées ainsi de changer de rôle au sein de la famille ou de la communauté alors qu’elles n’y étaient pas préparées. Elles n’ont pas la protection nécessaire ni les revenus adéquats pour pallier le rôle des chefs de famille ou supporter les charges classiques des pères de famille.

La COVID-19 a aggravé les VBG au Mali

Il a été constaté que des facteurs de stress social tels que la COViD-19 aggravent la violence à l’égard des femmes. Selon une étude menée par l’ONG Justice et Dignité pour les Femmes du Sahel (JDFS), la VBG au Mali a atteint 54 % pendant la COViD-19 contre 43 % avant la COViD-19.

La situation de la pandémie doublée à la crise sécuritaire dégradante tout au long de ces dernières années (51 % sont des femmes et des filles) ont empiré les VBG au Mali. La présence de groupes radicaux islamistes imposant parfois leurs lois, violent les droits humains tels que le droit à la circulation, le droit à l’accès aux soins de santé de qualité, le droit à l’éducation ainsi que le droit à la vie. La situation semble plus catastrophique dans les régions du nord et du centre.

Le cadre familial, principal milieu  de commission des VBG

Le nombre des déclarations de violences recueillies par les 106 structures visitées que sont les structures judiciaires (la police, la gendarmerie et la justice), les structures sanitaires et les ONGs, a atteint près de 2.230, soit une moyenne de 248 déclarations par mois et 8 par jour.

Ces déclarations relatent des actes d’agressions perpétrés essentiellement contre des femmes (93,4 %) victimes de VBG et ce par des hommes (72 %) avec qui elles sont unies par des liens de mariage. La forme de violence la plus présente est donc celle qui a lieu au sein du ménage (violence conjugale).

Au Sénégal, l’État a fermement exprimé sa volonté en ratifiant les conventions et instruments internationaux visant à protéger les filles et les femmes contre toutes les formes d’abus et de violences.

En outre, il est important de souligner l’existence d’un plan d’action national multisectoriel (2017–2021) pour l’éradication des VBG et la promotion des Droits Humains ainsi que d’autres mesures prises en matière de promotion de l’égalité des genres.

La situation de la pandémie doublée à la crise sécuritaire dégradante tout au long de ces dernières années (51 % sont des femmes et des filles) ont empiré les VBG au Mali. La présence de groupes radicaux islamistes imposant parfois leurs lois, violent les droits humains tels que le droit à la circulation, le droit à l’accès aux soins de santé de qualité, le droit à l’éducation ainsi que le droit à la vie. La situation semble plus catastrophique dans les régions du nord et du centre

L’excision, une pratique encore présente malgré la tendance à la baisse

Au Sénégal, comme dans beaucoup d’autres pays où cette pratique a lieu, les mutilations génitales féminines (MGF) font partie intégrante des coutumes de certaines communautés. Si certains avancent la thèse de la purification, d’autres en revanche estiment que l’excision permet à la personne qui a subi cette « opération » de s’abstenir une fois l’âge de la puberté atteinte.

Malgré la loi de 1999 interdisant sa pratique et les nombreuses séances de déclarations d’abandon public mettant au-devant des femmes et des exciseuses dans différentes régions concernées par la pratique, force est de constater que l’excision persiste encore dans le pays.

Le cas du Sénégal

Au Sénégal, le Code de la famille adopté en 1972 de manière consensuelle constitue le soubassement des textes législatifs et réglementaires discriminatoires à l’égard des femmes malgré l’existence d’initiatives allant dans le sens d’une amélioration constante de la situation juridique de la femme telles la suppression des dispositions relatives au domicile légal de la femme mariée (art. 13-1) et la capacité à s’opposer à l’exercice, par la femme, d’une profession (art. 154).

Au Sénégal, le recours à un traitement judiciaire des VBG est très faible. Parmi les victimes, seules 19,8 % affirment avoir déposé une plainte à la police, 8,8 % à la gendarmerie et 5,5 % au tribunal. En réalité, quand les actes de violence se produisent dans les lieux de formation, les victimes ont généralement peur de les dénoncer. elles craignent des représailles de la part des auteurs (surtout les victimes de violences sexuelles et physiques).

A ce faible taux de dépôt de plainte, s’ajoute le fait que celles-ci n’aboutissent pas souvent à une procédure judiciaire. Il y a aussi le manque de moyens financiers et logistiques (49,7 %), le manque de collaboration des victimes et des auteurs qui constituent des limites majeures évoquées par les institutions qui n’ont pas généralement les moyens de leur mission ; ce qui réduit leur efficacité dans la lutte contre les VBG.

 

 

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